Tout comme la graine qui pousse sous la terre
Invisible et silencieuse, à l’abri des regards
Je me retire, au fond de mes abysses, dans le noir.
Dans cette plongée vertigineuse où je n’ai plus aucun repère
Je suffoque et je manque rapidement d’air.
Pas de palier de décompression, je coule jusqu’à toucher le fond.
J’ai peur, j’ai froid, la tristesse déferle en moi.
C’est dans une grotte sous-marine que j’entre en pays d’abîme
Et c’est dans cette étrange atmosphère que flottent mes singuliers mystères.
Est-ce l’ivresse des profondeurs qui me leurre ?
Car il me semble percevoir, dans ce précipice, une lueur.
C’est que je me suis allégée, j’ai pris le temps de me délester.
J’ai noyé mon chagrin pour qu’il n’en reste rien.
J’ai dissous mes peurs pour reprendre des couleurs.
Tel un poisson luminescent à vingt mille lieues sous la mer
J’ai plongé dans mes profondeurs pour y puiser ma propre lumière.
Il m’a fallu tout ce temps d’introspection, une longue maturation
Pour réaliser que dans toute graine réside une promesse éclairée
Celle de l’abondance d’un champ de blé
Celle de l’élégance d’une prairie de bleuets.
Je peux enfin m’élancer à la surface et m’harmoniser avec grâce
Dans ce parterre de fleurs aux multiples senteurs
Et oser dévoiler les couleurs qui émanent des profondeurs de mon cœur.